Article N° 7991

PHARMACIEN ET ONCOLOGIE

Oncologie au Maroc :Le pharmacien d’officine est toujours en marge du combat !

ABDERRAHIM DERRAJI - 15 décembre 2024 19:58

Le cancer, fléau planétaire, n’est pas qu’une affaire d’hôpitaux spécialisés ou de centres d’oncologie de pointe. Derrière les murs de l’officine, un professionnel joue un rôle souvent sous-estimé, mais essentiel : le pharmacien d’officine. Doté d’une expertise unique sur le médicament et d’une accessibilité inégalée, il incarne une présence stratégique dans la longue bataille que mènent les patients contre cette maladie. Pourtant, son implication reste à formaliser et à valoriser.

La prévention est un pilier fondamental de la lutte contre le cancer, et le pharmacien est en première ligne. Il ne se contente pas de dispenser des médicaments : il éduque. À travers des conseils ciblés, il sensibilise sur les comportements à risque tels que le tabagisme, la sédentarité ou encore l’exposition à des substances toxiques. En initiant des dialogues sur la vaccination contre le papillomavirus ou en orientant les patients présentant des signes alarmants comme des ganglions douteux ou une perte de poids inexpliquée, il contribue activement à un dépistage précoce, déterminant pour l’issue de la maladie.

Une fois le diagnostic établi et le protocole thérapeutique défini, le pharmacien devient un acteur clé de la sécurisation des soins. La vérification des doses, l’identification des interactions médicamenteuses dans un contexte de polymédication fréquente, et la surveillance des effets secondaires sont autant de missions qu’il accomplit avec rigueur.

Avec l’essor des thérapies orales, qui offrent une alternative aux traitements administrés en milieu hospitalier, le rôle du pharmacien prend une nouvelle dimension. Il accompagne les patients dans l’administration de ces médicaments souvent complexes, les aide à gérer les effets indésirables et veille à leur observance, un enjeu crucial pour l’efficacité des traitements oncologiques.

Le cancer est une épreuve non seulement physique, mais aussi émotionnelle. En cela, le pharmacien ne se limite pas à un rôle technique. Toujours accessible, il est souvent l’interlocuteur privilégié des patients et de leurs familles, offrant un soutien psychologique dans une relation empreinte de confiance. Il propose des solutions adaptées pour soulager les effets secondaires tels que la fatigue, les nausées ou les douleurs, améliorant ainsi la qualité de vie des malades et réduisant les risques d’abandon thérapeutique.

Malgré ce potentiel indéniable, le pharmacien d’officine demeure à la marge de la prise en charge oncologique au Maroc, faute d’une mission clairement définie, structurée et rémunérée. Pour valoriser son rôle, une formation initiale et continue en oncologie est indispensable, afin qu’il reste à jour des avancées thérapeutiques et puisse répondre efficacement aux besoins croissants des patients.

Dans d’autres pays, l’intégration des pharmaciens dans les parcours de soins oncologiques a montré des résultats probants. Ces expériences prouvent qu’une collaboration interprofessionnelle accrue, dans un cadre structuré, améliore significativement l’efficacité des prises en charge. Il est temps de s’inspirer de ces modèles pour donner au pharmacien d’officine la place qu’il mérite dans ce combat.

Pour conclure, chaque acteur compte en oncologie. Le pharmacien d’officine, à la fois éducateur, confident et expert du médicament, est un atout encore trop souvent négligé. Formaliser ses missions, valoriser son expertise et renforcer ses compétences sont des leviers essentiels pour mobiliser pleinement son potentiel. La lutte contre le cancer nécessite une interprofessionnalité renforcée où toutes les bonnes volontés, à tous les niveaux du système de santé, convergent vers un objectif commun : améliorer la vie des patients et leurs chances de guérison.

Source : PharmaNEWS